Projet scientifique

Récits de paysages
Thèmes 2013-2022

Ce chantier propose de questionner du point de vue anthropologique la notion de paysage (dans ses différentes déclinaisons) en interrogeant le sens qu’elle prend tant du point de vue des théories paysagères, que des pratiques (habitants, décideurs, concepteurs etc.) et aussi des différents dispositifs mis en œuvre pour son institutionnalisation.

Le mot « paysage » a la particularité de renvoyer en même temps à la « chose » (comme réalité physique construite et pratiquée) et à l’image de la « chose » (comme expérience sensible), c’est-à-dire au monde mais aussi à sa représentation, de telle façon qu’il devient difficile de distinguer l’une de l’autre. Cette impossibilité de séparer le sujet de ce qui l’entoure, cette simultanéité de « présences », fait du paysage une expression particulière de notre relation au monde. Il propose un point de départ concret et précieux pour repenser une société. En ce sens, le paysage serait l’objet, ou un des objets, qui reflète le mieux les logiques selon lesquelles fonctionne notre monde.

De ce point de vue, le paysage comme perspective pour penser l’urbain nous oblige à ne pas privilégier l’une ou l’autre de ses deux facettes, mais à prendre en compte cette ambiguïté et la tension qu’elle nous propose : c’est dans le va-et-vient entre ces deux pôles que se construit notre expérience de la réalité du monde, à l’heure du numérique aussi. Cela nous demande une compréhension de la dissonance qui existe, sur le plan individuel et collectif, entre d’un côté l’agir des désirs, des mémoires et des représentations qui régissent notre habiter le monde, et de l’autre les temps des transformations matérielles liées à ce même habiter. Car si les paysages changent plus vite que les schémas perceptifs sédimentés en nous, comment questionner l’écart qui existe entre ce que nous imaginons du monde et nos manières ensuite de l’habiter, de le projeter, de le fabriquer et de le raconter ?

Coordination : Piero Zanini