Délimiter, c’est créer un lieu, établir une position, localiser une place séparée pour un sujet agissant, individuel ou collectif, pour une instance de la société et de la pratique, et la mettre en relation potentielle avec d’autres entités contiguës. En ce sens, tout espace engendre simultanément des relations et des oppositions, ce qui nous est moins familier dans nos cultures occidentales que ce ne l’est en orient. La mise en relation entre ici et là, je et tu, nous et eux, est potentielle, c’est-à-dire à la fois possible, pensable et identifiable. Elle s’avère non permanente et non obligée, réalisable en temps et en heures voulus et choisis. Développer et analyser la dimension proprement topologique de la création de la limite est indispensable à la compréhension du principe théorique de son fonctionnement, qui fait l’essentiel du sens de l’espace. Mais, comme le sillon du limes romain, la limite est un fait concret, muni d’une dimension, d’une matérialité, d’une forme et d’une apparence. Chaque culture développe un rapport spécifique au monde, et s’appuie plus ou moins sur la matérialité pour se signifier à elle-même et à ses détenteurs les structures sous-jacentes qu’elle a élaborées.
