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La poétique de l’habiter
Séminaire doctoral de 2005 à 2009 à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)

2016-05-01T06:36:42Z

Lieu : École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Horaire : 2005 - 2009
Organisateurs : Alessia de Biase, Augustin Berque, Philippe Bonnin

Présentation

Ce séminaire collectif prend la suite du séminaire "L’habiter dans sa poétique première" (2004-2005 et 2005-2006) et du colloque du même titre qui s’est tenu à Cerisy-la-Salle du 1er au 8 septembre 2006. La richesse des perspectives ouvertes par cette rencontre exigeait en effet d’engager une seconde étape dans cette recherche commune de réponses au problème que posait le texte introductif au premier séminaire et au colloque :

Dichterisch wohnt der Mensch, "l’humain habite en poète" : ces mots de Hölderlin nous ont hantés depuis le commentaire qu’en a fait Heidegger dans un texte écrit peu après sa fameuse conférence de Darmstadt Bâtir, habiter, penser (5 août 1951).

Ces deux textes introduisirent à une ontologie de l’habiter qui a subverti les dogmes du mouvement moderne en architecture. Ils disent en effet diamétralement l’inverse de ce que le mécanicisme moderne, instauré par la révolution scientifique du XVIIe siècle, a tendu à imposer sur une Terre ramenée à sa dimension physique, en deçà même du vivant : la dimension de la machine, qu’invoqua par exemple à la lettre un Le Corbusier. Ils affirment au contraire que l’espace humain, celui de notre existence, est déploiement au-delà des limites de l’objet moderne. Il est autre chose que l’étendue cartésienne ou que l’espace absolu de Newton, ce réceptacle neutre et universel où la modernité a plongé le monde et, ce faisant, a fait taire ce que l’antiquité avait nommé le poème du monde.

La poétique première de l’habiter humain, c’est ce poème du monde : cela en quoi l’¦uvre humaine, déployant la Terre en Monde, devient écoumène, la demeure de notre être : oikoumenê gê, la Terre habitée.

Cette poétique est à l’oeuvre dans toutes les dimensions de notre existence, de la vie de notre corps aux formes que nous créons sur la Terre. Elle est déploiement d’espace, et déploiement de temps. Aussi la question concerne-t-elle virtuellement tous les domaines de l’activité humaine ; elle est indéfinie. Dans ce colloque, il ne s’agira donc pas d’en décrire tous les aspects, mais d’en saisir au contraire la dynamique foncière, dans certains motifs privilégiés :

—  le déploiement de notre corporéité, de la biologie à la chorégraphie ;

—  le déploiement de nos temporalités, des saisons aux rythmes de la ville ;

—  le déploiement de nos spatialités, de nos figures mentales aux formes architecturales ;

—  le déploiement des choses en parole humaine, de la poésie au mythe de la machine ;

—  les limites, condition du sens de tout cela, que nous assure la Terre.

Ce questionnement croise diverses échelles, de la localité d’un site aux grands équilibres de la biosphère, des cultures locales aux dynamiques de la mondialisation, de la possibilité d’un vernaculaire contemporain à celle d’une cosmicité retrouvée. Pluridisciplinaire, il réunit des champs que nul d’entre nous ne peut jamais tous intégrer dans sa formation ni dans sa pratique, et qui pourtant sont les champs où ¦uvre nécessairement notre existence : de l’ontologie à l’écologie, de la géographie à la poétique... Par dessus tout, ce questionnement insistera donc sur les thèmes génériques pouvant conduire à une vision plus cohérente et plus authentique du rôle de l’architecture dans le déploiement du Monde. Au-delà des impasses de notre genre de vie - cet habitat insoutenable qui est le nôtre -, il s’agit de la pérennité de l’être humain sur la Terre.

Adresse

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Salle 1
105 boulevard Raspail, 75006 Paris
Métros Notre-Dame-des-Champs (ligne 12) et Saint-Placide (ligne 4)
Tous les derniers vendredis (ouvrables) du mois, de 17h à 19 h.