Le collectif Suspended spaces s’est proposé de travailler sur l’idée de traverser, d’aller vers, pour un déplacement que nous avons imaginé, préparé, documenté, pour lequel nous avons cherché des relais, des récits, des témoins. Nous insistons sur le trajet, mental ou littéral, direct ou détourné.
Le projet Traverser a commencé à Marseille en 2021, la plus algérienne des villes françaises. Depuis le port, des lignes ont été tendues vers l’architecture de Ghardaïa qui a inspiré la modernité, fasciné Le Corbusier, croisé la route de Fernand Pouillon et engagé André Ravéreau.
L’étape suivante nous a conduit par bateau à Alger, ville en miroir de Marseille, proche et lointaine à la fois, tant s’engouffrent dans l’espace qui les sépare, des récits d’exil, d’allers et de retours, nourris d’histoires personnelles et de désirs en suspens. Envisager un déplacement en Algérie, depuis Marseille, c’est donc aussi revenir, encore, sur la relation entre ces deux pays, trouée d’amnésies et de mémoires suspendues. Il y a des histoires à remuer, nous rappelant que « traverser » vient du latin transversare, « remuer en tournant ». La résidence que nous avons organisée à Alger en 2022 a réuni 16 artistes algériens et internationaux autour de ces questions dans une ville complexe où se lit une histoire stratifiée.
Un peu plus loin dans l’horizon de ce projet, Ghardaïa, dans la vallée du Mzab, ville fondée par les Ibadites, majoritairement peuplée de Mozabites qui y perpétuent une organisation sociale singulière, constitue un patrimoine historique et culturel qui pourrait sembler imperméable au monde. Un ailleurs. Une île. Le désert du Sahara et la mer Méditerranée sont des espaces de traversées qui engagent des destins. Ghardaïa est un lieu de projection et d’inspiration moderne, à la croisée des crises politiques, économiques et écologiques et aussi des imaginaires.
Galerie des grands bains douches de la Plaine, 35 bis Rue de la Bibliothèque, 13001 Marseille - entrée libre
