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S’il faut une fleur pour faire le monde
Séminaire Observatoire du Grand Paris, le 13 avril 2010

2016-05-01T06:06:23Z

Horaire : 13 avril 2010
Organisateurs : Alice Sotgia

En considérant les échelles comme une relation, un choix, plutôt qu’une dimension, Alice Sotgia propose de rentrer dans le champ de la recherche socio-historique, pour se questionner autour du principe de variation d’échelle - qui rend possible la construction d’un objet complexe et la prise en compte de la structure feuilletée du social – ainsi qu’autour du choix d’attribuer au moins un privilège au « micro ». À partir de ces premières questions, elle formule la problématique suivante : est-ce que les échelles nous aident-elles également à penser une pluralité temporelle ? Si oui, de quelle manière ?
Le passage d’une échelle à une autre n’est pas seulement une manière différente de regarder mais un véritable passage d’un monde à un autre. Ce choix de regard et, donc, d’objet est aussi un choix de questions problématisées, comme elle nous raconte à partir de sa thèse sur le quartier Ina Casa Tuscolano à Rome [1]. Mais ces échelles différentes (de l’appartement, au quartier, à la ville) correspondent-elles, au même temps, à des approches théoriques différentes ? Une première distinction émerge entre une petite échelle de représentation (une petite portion de territoire) et une approche micro analytique : ces deux choses ne coïncident pas forcément. Ainsi, on peut supposer qu’à l’inverse un grand territoire peut être approché selon un angle micro analytique.
En parcourant à nouveau les positionnements théoriques de Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience (sous la direction de Jacques Revel) [2]. La micro-analyse à l’expérience, Paris : Gallimard/Le Seuil , Alice Sotgia nous propose de nous arrêter sur la question de la « représentativité » d’un échantillon circonscrit et sur sa possible « généralisation ». Bien que sur ce point tous les auteurs du livre s’accordent sur le fait qu’il s’agit de sortir d’une idée statistique, quelle est la relation entre particulier et général ? L’élément particulier nous raconte quelque chose de possible : une possibilité parmi les possibilités générales. Ce n’est pas l’élément typique mais ce qui nous parle des possibilités latentes qui s’actualisent [3]. En d’autres mots, et en reprenant une chanson pour enfants, on pourrait dire qu’« il faut une fleur pour faire le monde » : en effet, une fleur, ou une graine, contient virtuellement (en puissance) une maison et ce, bien que toutes les fleurs ne donnent pas un arbre dont le bois sera utilisé pour la construction d’une maison.
Dans cette perspective, l’approche micro analytique nous propose une conception de l’histoire comme d’un système ouvert, en perpétuelle transformation et déterminé par des dynamiques et des mécanismes de type interactionnel. En s’opposant à un paradigme évolutif, il nous permet de faire l’expérience des temps différents et des coprésences temporelles. Il ne s’agit donc pas simplement de choisir un territoire ou un cas particulier pour tenter une généralisation (par exemple observer un quartier pour comprendre la métropole) mais de travailler les virtuels (du latin médiéval virtualis, lui-même issu de virtus, force, puissance) qui construisent les formes spatiales et temporelles des territoires.

—  compte-rendu de Maria Anita Palumbo etNancy Ottaviano

[1Sotgia, A. (2010), Ina Casa Tuscolano. Biografia di un quartiere romano, Milan : Franco Angeli

[2Revel, J. (1996), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris : Gallimard/Le Seuil

[3Lévy, P. (1995), Qu’est-ce que le virtuel ?, Paris : Editions La Découverte