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Rassembler les morceaux...
Qu’est-ce qui fait quartier à Mexico aujourd’hui ?

2014-03-12T11:45:39Z

15 février 2008 | Carnet de bord Workshop Mexico City


De mots, de réflexions et de refus des habitants nous ont accompagné dans cette longue journée dans laquelle on devait nécessairement rassembler toutes nos idées pour construire des indicateurs sur ce qui fait quartier dans notre tranche à partir de leurs récits.
Nous avons lu toutes les deuxièmes entretiens recueillis hier qui proposaient les thématiques trouvés lors du dernier atelier. Nous est paru nécessaire tant les rassembler afin d’affiner mieux notre propos qu’en construire ensuite une définition très simple à partir de tous les récits des habitants qui servira aux étudiants pour bien présenter le cadre du 3e entretien. Mais au même temps nous avons dû mettre de côté toutes celles qui avaient eu un refus ou avaient été source d’incompréhension. Ces dernières bien que ne porteront pas à la construction d’une cartographie resterons toutefois de questions ouvertes intéressantes à approfondir ensuite.

Nous avons ainsi rassemblé les thématiques :
Comunidad, convivencia, solidariedad et identidad.
La notion de communauté qui paraît très évidente au début a en effet amené à une constatation : on se trouve en face plus à une "émulsion" sociale plutôt qu’un mélange. Les gens sont les uns à coté des autres habitent les mêmes espaces mais ils ne se mélangent pas, ils ne fréquentent pas les mêmes lieux. Donc le mot "communauté" restait plutôt abstrait et très peu lié à l’espace. Ensuite "solidarité" a été souvent mal interprété car entre 1988 et 1994 le Gouvernement de Salinas avait construit tout son programme socio-économique autour le slogan "solidariedad" et donc les habitants l’ont souvent associé à une idée d’aide de l’état. Ce mot est devenu vide car trop usé dans le passé. Et enfin Identité, comme souvent arrive, c’est trop vaste et souvent peut être interprété plus au sens individuel que collectif.
On a donc choisi de travailler sur les espaces en commun, les espace où l’on pratique plus le jeu de la cohabitation. Voici la définition surgie des récits des habitants :
—  Convivencia, interaction qui a lieu dans un espace entre un ensemble des personnes qui se reconnaissent et ont queque choses en commun.

Confianza, tranquilidad et seguridad : faire une carte de la sécurité n’était pas notre but, même si les habitants utilisent trop souvent ce mot. La construction d’une ville de la peur, on le connaît, est à l’ordre du jour. Les médias nous incitent à avoir une perception toujours plus négative des espaces urbains où l’on vit en nous amenant à vivre le plus possible un "entre-soi" de plus en plus enfermé. La sécurité peut être construite "en solitaire" : on met de barreaux à sa maison, on a une garde du corps, on pose une camera de surveillance,... Il fallait, en revanche, travailler sur un concept plus positif, qui impliquait un aspect plus collectif. On a donc choisi la "confiance" car elle implique, pour exister, la présence de l’Autre au sens anthropologique.
—  Confianza, l’espace où les gens se sentent tranquilles et surs et confiant vers les autres

Vida et disfrute : les concepts de "vie" et de "profiter" qui nous avaient tant enthousiasmé le jour précèdent, ont été complètement refusés par les habitants, car trop générales et trop lié à la vie de chacun. En plus on a remarqué l’absence complète, dans leurs récits, des liaisons à des espaces urbains et une difficulté de profiter de la ville comme entité. On profite d’un espace mais jamais du trajet entre un lieu et un autre. la notion de flânerie n’existe pas et la marche, quand elle est pratiquée, n’exprime qu’un rapport utilitaire à la ville.
On a donc décidé de travailler sur "espaces vivants" pour voir s’il y a des concordances ou des émergences avec les espaces publics.
—  Espacios vivos, se sont les zones dans lesquelles on considère qui existe une grande activité qui permet de profiter, de partager et dans les quelles on peut passer un bon moment.

Limites, n’a posé aucun problème, bien au contraire !, ils l’ont déjà décliné en physiques et sociales mais aussi dans ce que l’on peut et l’on ne peut pas faire dans l’espace public.
—  Limites, frontière physique ou symbolique jusqu’à laquelle c’est permis, se perçoit et se connait quelque chose

Diversidad, aussi a été interprétée, comme on l’espérait, dans le sens le plus général : la diversité de la ville tant sociale qu’urbaine.
—  Diversidad, des zones où l’on percoit differents types d’activités d’espaces et des gens

Nous avons, en revanche, mis de côté :
Solitario, un mot qui parle trop d’un état d’âme souvent lié à l’idée de danger. Le desert positif, les lieux calmes sans le présence encombrante de la métropole où l’on peut passer de moments tranquilles, n’existent point dans leur représentation de ce qui fait quartier.

Desarrollo et mejoramento, ont été exclus car on leur a attribué toujours une échelle plus générale, celle de la ville, avec les différentes programmes socio-economiques promus par le gouvernement.

Orgulho, concept qui nous plaisait beaucoup car il pouvait se référer aussi à la notion d’identité collective construite sur des espaces dont on est fiers, s’est en revanche révélé trop attaché à la sphère personnelle de la réussite économique et sociale plus qu’à une fierté de l’espace où l’on vit. L’espace, dans ce cadre, n’est qu’un décor et il ne ressort que lorsqu’on en parle negativement, c’est à dire quand on en est pas fiers.

Conservado, s’est révélé trop lié au cadre bâti, qui nous amenait à prendre le risque d’avoir une carte-inventaire de réhabilitations du quartier, ce que dans le cadre de notre problematique initiale nous n’apportait pas grande chose.

Le troisième et dernier entretien avec les habitants, là où ils travailleront sur une echelle "locale" en marquant sur un plan des zones correspondantes aux cinq indicateurs trouvés, est donc partie !

à suivre...

Workshop, Faculté d’Architecture, UNAM, Mexico city, salle K du 11 au 21 février 2008
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