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Tranche de ville
Habiter Paris ou Comment apprécier la qualité de la vie urbaine à Paris ?

2016-04-01T13:28:09Z

Financeur : APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme)
Coordination : Alessia de Biase (dir.)
Équipe : Nava Meron, Cristina Rossi
Date : 2005-2006

Resumé de la problématique

L’enjeu de cette étude est d’essayer de mieux appréhender ce qu’est la qualité de la vie à Paris pour ses habitants. Une équipe rassemblant des urbanistes de l’Apur et des anthropologues du Laboratoire Architecture/Anthropologie (EAPLV) a été constituée pour la mener à bien.
Il ne s’agit pas de mesurer par des statistiques, des données démographiques, socio-économiques ou morphologiques ce que Paris offre à ses habitants comme niveau de service mais de comprendre ce que les habitants perçoivent de leur ville, de ses espaces, de sa composition sociale et fonctionnelle et ce qu’ils qualifient ou disqualifient.
Pour ce faire le partis pris des anthropologues a été de s’abstraire non seulement des indicateurs classiques et fonctionnels qui mesurent la ville, mais aussi des limites administratives des communes et des arrondissements et des limites historiques classiques des quartiers, afin de faire ressortir de nouveaux critères qui aujourd’hui décrivent et analysent la qualité de la vie urbaine.
Pour cela la méthode expérimentée pour la première fois dans cette étude a consisté à confronter la représentation statistique et cartographique classique de Paris (celle que les urbanistes et les services de la ville de Paris utilisent) à la représentation de la ville que renvoient les habitants à travers leur parole et leur représentation graphique de cette même ville.
Le territoire d‘étude est une bande qui s’étend sur le territoire parisien d’ouest en est et déborde à l’est sur les communes riveraines, sur une longueur totale de 13 Km sur une largeur nord sud de 1,3 Km. Cette « tranche de ville » est découpée arbitrairement en carrés de 1,3 km de côté.
A l’intérieur de chaque carré trois interlocuteurs ont été choisis, interviewés et invités à dessiner après qu’aient été élaborés des indicateurs à partir de leurs paroles.
Sur cette même bande ont été cartographiées les données concernant la composition sociale, la mixité fonctionnelle, la densité résidentielle, et ont été repérés des ensembles de logements sociaux, le commerce local et le commerce global, des équipements : culturels et de loisirs, des espaces verts et des lieux de culte, les transports, les tissus urbains, le relief.

Du croisement de la méthode anthropologique qui élabore des indicateurs à partir de la parole des habitants et de leur dessin et de la méthode « classique » des urbanistes qui cartographie les données sociales, la morphologie et l’offre de service : équipements, transports et commerces, ont été élaboré des « indicateurs de qualité » à deux échelles : une générale qui renvoie à l’ensemble de la ville et une plus particulière qui renvoie à des types de lieux urbains.

La qualité de la vie traduite à l’échelle de l’ensemble de la ville fait émerger comme valeurs positives la ville dense et diverse dans ses fonctions, sa composition sociale et ses tissus urbains alors que les secteurs mono fonctionnels, homogènes socialement et morphologiquement sont le plus souvent affublés de valeurs plus négatives.
La qualité de la vie traduite à une échelle plus précise et plus particulière fait émerger des familles de lieux classées en fonction de la concordance et de la discordance des indicateurs sociaux et des indicateurs de services urbains : « les lieux icône », « les lieux qui font ville », « les lieux de villégiature », « les lieux extraterritoriaux », « les lieux gommés »…

De ces indicateurs de qualité de la vie, il ressort également que l’offre urbaine peut être importante, (en commerces ou en transports par exemple) sans être pour autant porteuse de valeurs positives par les habitants. A l’inverse des lieux qui n’auraient a priori « rien à offrir » sont ressentis très positivement. Enfin les qualités de paysage, de vues lointaines et de lumière nocturne sont fortement ressenties.
Il ressort une disparité importante entre Paris et ses voisines (ici il s’agit de Bagnolet, Montreuil, Les Lilas et Romainville) tant du point de vue du type de ville que de la perception qu’en ont les habitants selon qu’ils habitent d’un côté ou de l’autre de la limite administrative.

Cette étude a permis la mise au point d’une méthode applicable à d’autres territoires régionaux. Elle pourrait ainsi devenir un outil de comparaison de la qualité de vie d’un territoire à l’autre et être, de ce fait, une aide à la décision pour la mise en place ou l’évaluation de politiques urbaines

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