Olivier Boucheron, Maria Anita Palumbo

L’infraordinaire de la Modernité 1 : L’entre-deux barres

Une ethnographie à travers le Monde de la transformation, par les habitants, des ensembles de logements collectifs

Financeurs : Maison des Sciences de l’Homme, LAA, LAVUE
Coordination : Olivier Boucheron, Maria Anita Palumbo
Date : 2015-2017

AXE 4 – Penser la ville contemporaine

Le projet L’infraordinaire de la Modernité : « L’entre-deux barres » s’interroge sur les pratiques quotidiennes et les initiatives du commun des citadins qui génèrent la transformation de leur espace de vie. Nous nous intéressons plus spécifiquement aux logements sociaux et aux grands ensembles construits simultanément dans le monde entier entre les années 40 et les années 90. Cette forme globalisée de tours et d’immeubles d’habitation (et parfois de maisons), accueillant des logements attribués ou à loyers subventionnés, nous intéresse à double titre : à la fois en tant que forme urbaine imposée qui provoque une standardisation accrue du mode de vie et, également, en tant que support de multiples formes de réappropriations et d’extensions des espaces de vie produits par les habitants eux-mêmes. Afin de mieux saisir toutes ces formes qu’a pu prendre la “créativité dispersée” de l’Europe à l’Asie, de l’Afrique aux Amériques, nous souhaitons établir un réseau international de cas d’étude sur les rapports conflictuels et/ou les interactions entre standardisation et diversification, contrôle et transgression, uniformisation et invention.
Cette observation de la production « infraordinaire » de l’espace peut être perçue comme une sorte d’émaciation de la « forme » qui a incarné, pour un temps, le paradigme de la Modernité.
Notre objectif est de partager et enrichir les études de cas que nous avons déjà effectuées (Mongolie, Vietnam, Chine, Laos, Myanmar, Sénégal, France, Italie…) à partir d’autres exemples et regards, de manière à discuter la continuité et la discontinuité géographique et historique, l’unité et la diversité des êtres humains et leur relation à des espaces imposés.
Au cœur des situations urbaines que nous étudions, la planification et l’autoproduction s’articulent. C’est le creuset d’une « autre ville possible », et d’autres modes d’habiter, qui travaillent sur et dans une forme urbaine imposée. Des espaces où nous pouvons observer aujourd’hui des traces et/ou des fragments des multiples réappropriations qui sont le signe d’une capacité à “faire avec” en réinventant à partir de modèles engrammés, d’une réinjection dans une forme standardisée de la relation au territoire et aux autres (résistance à l’aliénation). Pour le dire à la façon d’Illich, nous suivons avant tout les habitants qui, réduits à la condition de « logés », ont réaffirmé leur capacité à habiter un espace, c’est-à-dire à agir sur lui.
Nous nous proposons d’observer des programmes d’habitation historiquement créés par une forme d’urgence, qui en serait l’acte fondateur, pour des fonctionnaires, travailleurs, migrants, réfugiés… des espaces créés ex-nihilo ou suite à une tabula rasa, soit à partir d’un supposé rien ou d’un devenu rien, au sens social et spatial du terme. Aujourd’hui ce sont souvent des espaces où cette (re)prise d’autonomie et cette autoproduction se voient menacées par une planification urbaine « par le haut » qui veut, à nouveau, « mettre de l’ordre » là où des individus aurait produit du « désordre »…On observe donc un conflit entre la fabrication de la ville au quotidien et la planification, le contrôle, l’homogénéisation et la standardisation. Notre projet va, à notre sens, au cœur des relations entre habitants, pouvoir et territoires, relations qui fondent l’idée même de la Cité.

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