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L’ivresse de la feuille blanche
l’Architecture aux Beaux-Arts avant 68

2023-11-06T14:07:33Z

2020 | Librinova

Pourquoi ce livre ?
Peu de temps après avoir achevée mes études d’architecture aux Beaux-arts (diplôme en juin 1967) j’ai eu la chance de participer à la création d’une école d’architecture - on disait à l’époque unité pédagogique car le mot école avait été banni de notre vocabulaire–. Jeune enseignant donc, à Versailles où l’UPA n°3 ouvre ses portes face au château en janvier 1969, il me semblait naturel de creuser les questions qui étaient absentes de l’enseignement que j’avait suivi, principalement l’histoire de l’architecture moderne (les cours ne dépassaient pas 1820 et le débat sur la construction de l’église de la Madeleine) et la ville, à commencer par la nature du sol urbain absolument absent de notre travail pendant des années où les projets se déroulaient les uns après les autres sur des terrains fictifs sommairement indiqués : « à proximité d’une grande agglomération et desservi par une route secondaire qui le longe par le nord » (projet sérieux pour un grand équipement : hôpital, faculté, laboratoire pharmaceutique ...) ou « sur un terrain en pente vers le sud et disposant d’une belle vue en bordure d’un lac » (projet plus léger pour un village de vacances, un centre nautique, un club sportif, etc.).
Ceci, bien sûr, était l’affirmation d’une rupture avec les Beaux-arts et l’enseignement que nous y avions reçu, rupture que les « événements » de mai 68 avaient précipitée et que la fermeture par le gouvernement de la section architecture en août 68 avait sanctionnée. Ainsi commençait une nouvelle aventure dédiée à l’enseignement que nous n’imaginions pas autrement qu’alimenté par une recherche constante sur les thèmes mêmes qui constituaient le sujet de notre enseignement. recherche qui trouvait son application dans un exercice professionnel parallèle marqué par la volonté d’ouvrir le champ de l’architecture au-delà du simple exercice de la maîtrise d’œuvre de bâtiment.
30 ans plus tard et après avoir participé à diverses expériences inter-écoles particulièrement stimulantes et noué des liens avec différentes écoles ou facultés étrangères, je me suis retrouvé responsable de la création d’une nouvelle école issue d’une volonté ministérielle de réduire le nombre d’écoles parisiennes en favorisant les regroupements des enseignants et des étudiants autour d’un programme pédagogique. Ainsi est né Paris-Malaquais. Cette expérience collective fut passionnante et j’ai pu y mesurer l’incroyable charge bureaucratique de notre ministère de tutelle.
20 ans plus tard, alors que la célébration du 50 -ème anniversaire de mai 68 et de la création des UP avait donné lieu à la Cité de l’architecture à une exposition riche sur le démarrage des nouvelles écoles, il m’a semblé que l’on était passé un peu vite sur les critiques et les débats qui traversaient l’Ecole des Beaux-arts tout au long des années 60, avec les diverses expériences liées à un projet de réforme qui tel un serpent de mer surgissait puis s’estompait avant de ressurgir puis d’être emporté dans les ruptures de 1968. Mais l’entreprise ne s’est pas limitée à ce souvenir de nos critiques et de nos espoirs. On ne sait pas ce que l’on va écrire avant de l’avoir écrit et ce travail a pris des tours que je n’avais pas imaginés. Au-delà des souvenirs joyeux d’une école qui à coté de ses graves défauts, avait l’immense qualité de laisser l’élèves (on ne disait pas étudiant) libre d’organiser ses études à son rythme, m’est apparu une organisation moins ridicule que ce que l’on en dit le plus souvent et qui méritait qu’on tente de la comprendre et de la décrire. Même finissant et nous avions tous le sentiment dès 1965 que l’Ecole vivait ses derniers moments, les Beaux-arts constituent une mécanique qui mérite qu’on l’examine.
Organisé en trois parties qui se déclinent en 13 chapitres plus quelques annexes l’ouvrage comprend 202 pages dont de nombreuses illustrations.
Philippe Panerai

Extraits de la préface de Françoise Fromonot :

"Voici un livre captivant. Il plonge dans une histoire qu’on croyait connaître, la remet en perspective et réveille notre regard sur le présent.
Philippe Panerai revient sur ses premiers pas dans la vie d’architecte et nous invite à l’accompagner. Son temps, ce sont les dernières années de l’école des Beaux-arts, si décriée et mythifiée à la fois par ceux – et celles, plus rares – qui y sont passés. Son sujet, c’est l’enseignement de l’architecture, ses arcanes et ses évolutions, vues depuis cette institution qui formait à l’époque la majorité des architectes français.
Témoin, enquêteur et interprète d’une situation qu’il a connue de l’intérieur, il entremêle les souvenirs, les faits et les analyses pour portraiturer rétrospectivement cette société dans son cadre, avec sa mentalité et ses rouages, juste avant sa disparition.
Les Beaux-Arts, nous dit-il, c’est à la fois un système, une culture et un esprit qui s’entretiennent l’un l’autre. On ne peut les saisir qu’en s’intéressant concrètement au contenu des études, aux emplois du temps, aux rythmes et aux rituels de la vie quotidienne, à la cohabitation des circonstances du moment et des reliefs du passé."

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