Thèse réalisée sous la direction d’Alessia De Biase, professeure HDR, ENSAPLV) et Pedro José Garcia Sanchez, maître de conférences, université Paris Nanterre
Résumé :
Les jeux de ballon ont-ils leur place en ville ? A voir le nombre de panneaux d’interdiction qui fleurissent un peu partout, force est de constater qu’ils ne sont pas toujours les bienvenus. Notre enquête pointe sa focale sur les relations que les jeux de ballon inspirés du football entretiennent avec leur environnement socio-spatial. L’étude de ces pratiques offre une occasion de mettre à jour la dimension matérielle des interactions citadines.
Le ballon roule, vole, rebondit, cogne, s’échappe, ... Jouer avec un ballon, c’est faire l’expérience d’une rencontre singulière avec la ville. C’est se rendre attentif à ses matériaux et aux variations de son relief. C’est apprendre à détecter les opportunités de jeu et à reconnaître les obstacles susceptibles de « percher » le ballon. C’est aussi se confronter à des épreuves interactionnelles variables selon les lieux et les rencontres. En somme, les jeux de ballon amènent à entreprendre et à comprendre autrement les caractères sensibles et incertains de la vie en ville.
Notre exploration porte sur différents espaces de pratique, dédiés ou non aux jeux de ballon en ville.
Le citystade se présente comme un espace dédié qui permet de contenir les mouvements du ballon et de sécuriser les usagers situés directement à proximité. Cet équipement s’est imposé comme un aménagement de référence pour accueillir les jeux de ballon en milieu urbain. Sa séduction opère aussi bien sur les joueurs en quête d’un espace de légitimation et de défoulement, que sur les autres habitants qui y voient un moyen de canaliser ces pratiques. Cet espace n’est toutefois pas en mesure d’accueillir tous les joueurs. La concurrence, qui s’exerce en période d’affluence sur ces terrains en accès libre, favorise leur appropriation par les adolescents les plus qualifiés et peut conduire à écarter les joueurs plus jeunes et moins compétents. Par contraste, les « Five » illustrent l’influence que les conditions d’accès peuvent avoir sur les dynamiques de rassemblement propres aux jeux de ballon. Ces salles de foot à cinq se distinguent par leur système de réservation. Celui-ci constitue un levier organisationnel pour de jeunes adultes qui font leur entrée dans la vie active et encourage d’autres formes de convivialité.
D’autre part, de nombreux enfants investissent les espaces piétons qu’ils trouvent à proximité de leur domicile pour jouer au ballon. La cour de la résidence, la rue ou le square deviennent des « terrains de foot » où ils font l’expérience de l’accueil équivoque réservé à ces pratiques. Leur quête d’espaces se heurte aux restrictions non coordonnées imposées par les parents et les autres adultes qu’ils rencontrent. Les terrains protéiformes qu’ils aménagent pour jouer au ballon mettent en lumière le rapport opportuniste que ces pratiques entretiennent avec leur environnement. Ici, deux poteaux contre un mur définissent les limites d’une cage de foot lisible et éloignée de la route. Là, une jardinière permet de se maintenir à distance des autres usagers d’un parc public. Ces terrains de jeu improvisés s’apprécient tant du point de vue de leurs qualités ludiques, que des relations qu’ils médiatisent entre les joueurs et leur environnement.
Alors, quels liens se tissent entre les joueurs, les espaces qu’ils investissent et les individus qui se trouvent autour ?
A travers l’étude de ces différentes typologies d’espaces de jeu, cette thèse propose une exploration du rôle joué par l’aménagement urbain dans les modalités pratiques de cohabitation entre les jeux de ballon et les autres habitants.
Composition du jury
Alessia De Biase, professeure HDR, ENSA de Paris La Villette, LAA/LAVUE, Directrice
Pedro José Garcia Sanchez, maître de conférences, Université Paris Nanterre, Laboratoire MOSAÏQUES/LAVUE, Directeur.
Laurent Devisme, professeur HDR, ENSA de Nantes, Laboratoire AAU/Equipe CRENAU (rapporteur)
Christophe Gibout, professeur des universités HDR, Université du Littoral Côte d’Opale, Laboratoire TVES (rapporteur)
Nicolas Tixier, professeur HDR, ENSA Grenoble/Université Grenoble Alpes, Laboratoire AAU/Equipe CRESSON
Elsa Zotian, chercheuse indépendante et collaboratrice de l’université de Liège, Laboratoire de Sciences Sociales Appliquées