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Séminaire de recherche du programme 3 du LAVUE
2010-11, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette, UMR LAVUE 7218 CNRS

2023-05-22T10:30:36Z

Lieu : Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette
Organisateurs : Alessia de Biase, Alain Guez, Chris Younès

Ce séminaire de recherche a pour objectif d’explorer les concepts, les méthodes et les outils nécessaires pour instruire une nouvelle appréhension multi-scalaire des faits et des imaginaires du monde contemporain, que la question du développement durable nous « oblige » aujourd’hui à repenserRetour ligne automatique
de façon urgente. Ce séminaire de recherche part du constat qu’un nouvel entrelacement des échelles de rapport au temps et à l’espace bouleverse nos certitudes, nos représentations, notre outillage de pensée, et nécessite de nouvelles interrogations. Retour ligne manuel
On ne peut plus désormais appréhender les faits de l’habitat et de la ville comme des objets statiques et permanents, ce à quoi poussaient le fait même de bâtir et édifier des établissements humains, ainsi que les concepts et les outils classiques de la représentation. Ils conduisent aujourd’hui à des contradictions, voire des conflits. A cette approche devrait se substituer une démarche et des méthodes plus aptes à penser les espaces de l’édifice, de la ville, du grand territoire dans une logique de devenir caractériséeRetour ligne automatique
par des changements, des mutations, des bifurcations, mais aussi des cycles plus réguliers, des retours et des récurrences.

Controverse 1 « histoire sélective »

Comment sont mobilisés des faits et des récits, soient-ils spatiaux ou temporels, pour construire la représentation d’un lieu ou d’un territoire ?

Intervention 1. Laurence Feveile
équipe MOSAÏQUES, Chercheure associée au laboratoire Lavue UMR CNRS 7218, , Université Paris Ouest. Maître-assistant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Val de Seine

La question de la représentation interroge les deux concepts qui la bornent, d’un côté, le fait réel, de l’autre, le fait tel qu’il est énoncé, pour se pencher sur la plage qui les sépare : l’interprétation. La transmission de l’information passe par une sélection, une simplification, une schématisation qui génère une transformation, voire une déformation.
Comment fabrique-t-on les mythes, revisite-t-on les coutumes et les traditions, expose-t-on une histoire ? A quelles fins ? Avec quels effets ?
Les aléas du récit sont parcourus à travers l’exemple de l’Ex-Yougoslavie où l’idéologie cristallisée dans l’unité prônée par le Maréchal Tito a été démantelée par les quêtes d’identité, où le folklore a fait place à la guerre.

Intervention 2. Magaret Manale
Ingénieur de recherche CNRS, équipe AUS/Lavue UMR CNRS 7218
La logique d’entreprise régit aujourd’hui la compétition globale entre villes. A l’instar des acteurs du « corporate branding », les pouvoirs publics adoptent les techniques du « city branding » pour attirer touristes et investisseurs. Or, une ville, construction territoriale qui recèle des images en dur du passé, peut-elle être conçue comme un « produit » spatialisé ? Agglomération de groupes sociaux qu’on peut dire hétérogènes, est-elle assimilable à une « corporation » pour laquelle on construit une « identité » sur mesure, en fonction des marchés à conquérir ? Se pose alors la question de savoir de quelle manière le « branding », vecteur du nouveau et du changement sans répit, parvient-il à intégrer de l’histoire même de ce lieu qu’il met en valeur.

Controverse 2 « technique et dynamiques symboliques »

Comment se construit le rapport symbolique à l’environnement dans notre monde technicisé ?

Intervention1. Xavier Bonnaud
Architecte - urbaniste, agence MESOSTUDIO, Chercheur membre du laboratoire Lavue UMR CNRS 7218, équipe GERPHAU. Professeur à l’ENSA Clermont-ferrand

Architecture et dynamique symbolique.
Considérant que nous habitons désormais des environnements hybrides, qui dialoguent avec leurs populations par infrastructures et média interposées, qui mettent à notre disposition des intelligences embarquées et offrent une artificialisation toujours plus poussée mais aussi plus ergonomique, conviviale et plus intrusive, nous nous demanderons ici ce qu’il en est de la dynamique symbolique dans le vécu des tels environnements. Est-une fonction dont la vitalité s’estompe devant les nouveaux niveaux dimensionnels de la vie métropolitaine, et dont finalement l’efficacité ne rivaliserait pas avec la puissance des nouvelles interfaces homme/milieu ? En quoi la vie symbolique peut-elle subsister dans le rapport aux lieux ? Est-ce encore utile aujourd’hui à l’aune de macrosystèmes techniques qui organise notre confort et notre habitat ? L’architecture à t’elle encore quelque chose à dire dans notre appropriation symbolique du monde où n’est ce plus aujourd’hui que l’apanage d’autres terrains ? Devant la multiplication des sensations, des stimulis, des a-perceptions du monde urbain, quelles sont encore les fonctions, les usages et les pouvoirs de notre capacité de symbolisation ?

Intervention2. Hélène Subrémon
Docteure en sociologie, chercheure post-doctorante membre du laboratoire Lavue UMR CNRS 7218, équipe AUS.

Comment rendre compte du rapport problématique des échelles spatiales et temporelles dès lors qu’il s’agit d’envisager les conditions de possibilité d’une écologie humaine renouvelée ?
1. L’usage de l’énergie a supposé, avant l’existence et la mise en place des macro-réseaux de fourniture d’énergie, un savoir bien plus complexe qu’il n’y paraît. Ce savoir implique une dimension spatio-temporelle propre : c’est, par exemple, savoir où, dans son environnement, trouver du bois, connaître et prendre le temps pour le débiter, prendre le temps pour le ramener au foyer, connaître le temps que le feu prendra à atteindre une température capable de permettre le confort. Echelles spatiales et temporelles sont entrelacées de fait, créant l’écologie humaine.
2. Dans le cycle de la consommation d’énergie domestique contemporain, il existe plus d’un processus de représentation à l’œuvre. Nous pouvons traiter ici de ceux de la consommation d’énergie et des représentations de l’énergie en tant que ressource. A l’heure où il nous faut penser la contrainte énergétique sur le long terme, l’approche des sciences sociales ne peut, en effet, qu’observer une "désarticulation" des échelles d’espace et de temps censées relier les pratiques microsociales aux macro-réseaux de fourniture en énergie.
Aucun lien apparent ne peut être envisagé par l’usager entre les échelles d’espace et de temps : d’une part la quotidienneté de la pratique, d’autre part la modélisation technique des réseaux.
Cette modification de l’articulation entre échelles d’espace/temps et pratiques d’un côté, macro-réseaux de l’autre est à l’origine de la transformation du processus de représentation de la consommation d’énergie d’une part, et de représentation de l’énergie en tant que ressource d’autre part (faisant aujourd’hui partie d’un macro-réseau de fourniture de celle-ci).
3. Or, il semblerait que cette distanciation spatio-temporelle (cette absence de maîtrise, peut-on supposer) ait de nombreuses conséquences : une hausse croissante de la consommation d’énergie mais plus largement un rapport au monde altéré, brouillé par la performance technologique pourtant incroyablement efficace.
Une séance pourrait être consacrée aux modes de représentations de cette désarticulation opérée dans le cycle de la consommation d’énergie. Ce pourrait être à la fois l’occasion de comprendre le poids de la technologisation du quotidien ou la confiance en des systèmes abstraits (Giddens, Weber) dans le rapport que les individus entretiennent avec leur milieu de vie.

Controverse 3 « écarts de représentation »

Comment la fabrication d’un projet mobilise des représentations propres aux différents acteurs qui y sont impliqués ?

Intervention1. Agnès Sander
Architecte et urbaniste, maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense - Mosaïque / LAVUE UMR 7218

Etude de la co-construction, sur la longue durée, d’un espace de nature en ville (Le parc de la Caffarella à Rome). Evolution des représentations de cet espace par les différents acteurs concernés ; évolution et spatialisation des arguments convoqués par les uns et les autres pour (ou contre) la préservation de cet espace. Enjeux d’échelles autour de la question du développement durable.

Intervention2. Alain Guez
architecte - urbaniste, maître assistant à l’ENSA de Nancy - LAA / LAVUE UMR 7218

L’intention est d’explorer les rapports au temps des acteurs et des habitants d’un environnement urbain en projet. Le présent vécu se déforme selon où l’on se place dans le processus et au cours des différents moments historiques de projection de l’avenir. Quand la durée de réalisation d’un projet urbain est vécue au quotidien alors les échelles biographiques et de projet s’articulent ou se contredisent.

Intervention3. Julien Perraud
Architecte, co-fondateur de l’Atelier Raum, Doctorant au laboratoire GERPHAU (ENSA Paris La Villette – Paris XIII) sous la direction de Chris Younès.

La phase de fabrication (chantiers, constructions, interprétations et représentations artistiques - musique, danse, théâtre, performance…) peut apparaître, dans sa capacité à créer une dilatation de lʼespace et du temps, comme la proposition dʼun moment de potentialités créatif et singulier. Lʼincertitude du moment de fabrication, la parenthèse informelle du chantier ou la révolution apportée par lʼinterprète dans le processus dʼapparition dʼune oeuvre au monde seront étudiées dans leur capacité à produire une autre réalité, une certaine différenciation au sein des processus traditionnels de représentation.

Controverse 4 « représenter à la grande échelle »

Comment le projet à grande échelle travaille-t-il avec d’autres échelles d’espace et de temps ? Quelles formes de représentations mobilise-t-il ?

Intervention 1. Maria Achek Youcef
Architecte, doctorante à l’Université Paris X Nanterre, sous la direction de Bernard Haumont - Crh / LAVUE UMR 7218

Le projet d’espace public paysager et urbain à l’épreuve de la grande échelle
La question de l’échelle au pluriel, permet d’appréhender les modalités du raisonnement en sciences humaines mais aussi sa mise en récit. Dans le domaine du projet une fois qu’on a dépassé le sens commun cartographique, elle est notamment liée à la prise de décision quant aux mesures ou dimensions à donner à un espace.
La grande échelle fait partie de cette pluralité, elle est nécessairement dans ces jeux d’échelles quand il s’agit de mener le projet d’un espace public faisant partie d’une continuité urbaine et paysagère. Le projet paysager en milieu urbain, notamment par rapport à ses dimensions environnementale et écologique exige d’appréhender la grande échelle, cependant, comment celle-ci travaille-t-elle l’échelle de l’espace public paysager à concevoir, à représenter et à négocier ? Il s’agira de questionner ce jeu d’échelles territoriales dans le cas d’un projet compris entre une séquence de l’infrastructure routière francilienne, une trame verte et un quartier d’habitation de la banlieue parisienne.

Intervention 2. Alice Sotgia
Historienne, Docteur en urbanisme, membre du LAA et vacataire à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville.

Construire l’avenir d’une métropole contemporaine. Échelles spatiales et temporelles d’un processus en acte.
Comment se construit la grande échelle spatiale (le grand territoire) et temporelle (l’avenir plus lointain) qui caractérise tout le débat autour du Grand Paris et la représentation d’un territoire au centre d’une transformation ? À travers une lecture des différents projets qui, de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Consultation internationale lancée en 2007 et aux projets de mobilité les plus récents, s’interrogeant sur la construction d’un Grand Paris, je voudrais mettre en évidence l’entrelacement d’échelles spatiales et temporelles qui donnent formes à ce territoire, en en questionnant les différentes limites qui émergent dans le temps.

Intervention 3. Igor Guatelli
Professeur, Maître en Architecture et Urbanisme, Université Mackenzie (Brésil), PHD en Philosophie, post-doctorant au GERPHAU (ENSA Paris La Villette)

Le défi des stratégies d’agencement des situations dans la métropole
Discuter la valeur du programme dans l’Architecture et Urbanisme comme stratégie d’agencement des situations dans la métropole devient le défi. L’accent est mis sur le programme comme outil de constitution d’un support, c’est à dire comme programmation d’une situation minimale. Et ce pour l’activation des territoires et la mise en mouvement des "traces". Ce qui semble ne plus être là, s’il est réactivé, devient essentiel pour l’avenir du territoire. Le programme n’est plus compris comme provision d’usages « prêt-à-porter », mais comme engendrement d’intensités locales.

Intervention 4. Alessia de Biase
Architecte, Architecte, Docteur en anthropologie, responsable scientifique du LAA depuis 2003, Maître assistant en SHS à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville.
Pour une approche archéologique. Ou comment le détail éveille la grande échelle.
Il s’agira de présenter ici ce que nous avons défini par "approche archéologique" et ce que cela implique dans une logique d’appréhension territoriale. De toutes petites choses peuvent avoir la puissance de mettre en relation passé et futur en nous amenant à expérimenter une autre manière de penser les temps. Comment le détail peut nous parler de la grande échelle spatiale ? Peut-il "éveiller" et mettre à jour une narration territoriale capable d’articuler continuellement le grand et le petit et nous aider à recomposer empiriquement le monde ?

Controverse 5 « outils »

Quels outils déployer et mettre en œuvre pour représenter un objet, un lieu ou un territoire ? Des cartes, aux figures, auxx diagrammes, au site web, de simples outils ou des dispositifs opératoires ?

Intervention 1. Alexis Meier
Architecte, docteur en philosophie, Maître de conférences en Théorie et Projet architecturale à l’Institut National des Sciences Appliquées de Strasbourg, AMUP - Gerphau / Lavue UMR 7218

Diagramme : appareil de la temporalité
De par sa définition, le diagramme est une bonne illustration de tentative de jeu entre les échelles spatiales et temporelles puisque, depuis son origine grecque, il est question d’une trace associée au processus génératif de son inscription. Cette double acception (signe et processus) se trouve convoquée au sein du travail expérimental de l’architecte américain Peter Eisenman pour promouvoir un nouvel ordre de la perception et donc des re-présentations que l’individu opère sur et à partir de son environnement.

Intervention 2. Nadja Monnet
Docteure en anthropologie, Maître-Assistante associée en Sciences Humaines et Sociales à l’ENSA Versailles Maître-Assistante associée en anthropologie à l’Université Autonome de Barcelone LAA / Lavue UMR 7218

Les technologies digitales permettent-elles de mieux rendre compte de son terrain ?
Après la présentation d’une maquette d’un CD-rom qui est en phase de se transformer en une page web et de sa genèse, j’interrogerai les manières que nous avons eues de présenter et représenter les échelles spatio-temporelle de notre terrain sur la place de Catalogne à Barcelone. Le format page web permet-il de mieux cerner les variations spatio-temporels du sujet d’étude ? En quoi ce format permet-il de (re)présenter différemment les résultats de la recherche ?

Intervention 3. Stéphane Bonzani
Architecte, docteur en philosophie, maître assistant associé à l’Ecole spéciale d’Architecture, Gerphau / Lavue UMR 7218

Représentations de la reliance
La carte, la figure et le récit sont trois modes de représentation et de conception des milieux habités. Cette triade se trouve profondément transformée dès lors que se fait plus évident l’épuisement du dehors. La condition humaine actuelle d’un monde sans extérieur (Serres, ) invite à penser les modalités
d’une "expansion intensive" (Nancy ) et à revisiter la carte, la figure et le récit dans les projets architecturaux et urbains contemporains.

ENSAPLV Département de la recherche, 118-130 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris