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Travailler « l’entre-temps »
Workshop de recherche du 16 au 26 janvier 2006 à La Courneuve, quartier des 4000 sud

2016-12-03T15:51:54Z

Lieu : La Courneuve, quartier des 4000 sud
Horaire : du 16 au 26 janiver
Organisateurs : Alessia de Biase (dir.), Adriana Caula (dir.), Alain Guez (dir.), Sandra Parvu (dir.)
Partenaires : Ecole Nationale Supérieure de Paris Belleville

Présentation

Les nouvelles politiques urbaines en cours se proposent de redonner « leur ville aux citadins » en travaillant sur l’échelle urbaine, sur les espaces publics, sur le paysage et sur une nouvelle esthétique. Ces changements, qui prévoient souvent des destructions hyper-médiatisées de grandes barres des années soixante-dix et le réaménagement de l’espace public, ont la plupart du temps pour objectif concret et symbolique de mettre en œuvre une nouvelle urbanité. La ville est en train de changer sous nos yeux, des lieux n’existent plus et d’autres vont être aménagés, mais maintenant qu’est qu’il se passe ?

Cet enjeu temporel exprimé par l’ « entre-temps », un présent qui n’a plus les vestiges du passé et qui n’a non plus son futur construit, quel poids a-t-il dans la vie et la ville d’aujourd’hui ? Les grandes villes de la mondialisation (Shanghai en est un exemple) détruisent pour construire des nouveaux quartiers ou occupent des territoires agricoles pour prolonger à l’infini la ville même. Mais que ce passe-t-il entre la destruction et la construction ? Se positionner en tant qu’architectes dans cet enjeu temporel veut dire penser la ville non seulement en la projetant dans un futur mais aussi dans un présent immédiat (le temps des chantiers) qui concerne la vie de qui habite ces lieux.

Le site choisi pour ce premier Workshop est l’ex-Cité des 4000 sud à la Courneuve qui deviendra dans le futur les quartiers de la Tour et Les Clos.
Le thème principal du premier workshop tournera autour des temporalités de ce lieu : entre la démolition des barres et la construction du nouveaux quartiers en chantier. Les travaux devront se penser en tant que projets éphémères mais réalisables dans l’entre-temps.
Nous allons aussi inviter des habitants en tant que guides/experts pour nous aider sur place et pour discuter, voire même, travailler avec nous. Nous travaillerons aussi bien sur place, à La Courneuve même (pour cela nous souhaitons mettre en place une collaboration avec la Mairie de La Courneuve et l’Agglomération de Plaine Commune), qu’à l’Ecole d’Architecture Paris-Belleville (infrastructure technique).

Au workshop participeront pour l’instant les étudiants de l’École d’Architecture de Paris Belleville et de l’Ecole d’Architecture et de Paysage de Bordeaux. Une équipe d’enseignants (de 2 écoles), des chercheurs, des architectes et d’habitants encadrera les groupes des étudiants.

À la fin du Workshop les travaux des étudiants seront valorisés par l’édition d’un cdrom et par la mise en place d’un site Web.

Le site

Depuis une vingtaine d’années, La Courneuve dans son ensemble connaît des changements morphologiques importants. La commune développe les fonctions urbaines visant à son désenclavement : une bonne desserte des voies de communication (A1, A86, Nationale 7, Roissy-Charles De Gaulle, Plaine Saint-Denis), la pluralité des modes de transport (RER, métro, Tramway, Bus) et un réseau de circulations douces (liaisons piétonnes, pistes cyclables). Les principes d’aménagement appliqués et le programme d’actions mis en œuvre ont pour but la construction d’un nouveau tissu urbain à travers la valorisation des lieux publics (la gare RER…), l’accroissement des espaces publics et des espaces verts (places, placettes, squares), l’ouverture d’un centre de formation, la création d’équipements de prestige comme les Archives du Ministère des Affaires Étrangères ou encore d’établissements pour personnes âgées, des résidences pour étudiants, la promotion des commerces de proximité et l’ouverture d’un centre commercial.

Dans ce processus, la commune de La Courneuve agit de concert avec d’autres institutions. Le contrat de ville, signé en 1994 entre la commune et l’État, se concentre sur la lutte contre l’exclusion en mettant en place une stratégie de développement appliquée à des quartiers en difficulté. Un travail important a été réalisé contre les phénomènes d’exclusion sociale et urbaine, de développement local et pour une meilleure intégration des populations issues de l’immigration. Le Grand Projet de Ville (GPV) – qui succède en 2000 au Grand Projet Urbain – a pour but le développement social et urbain et vise à réinsérer plusieurs quartiers dans la ville. Lors du Comité interministériel des villes en décembre 1999, 50 Grands Projets de Ville ont été lancés, parmi lesquels celui de La Courneuve, portant prioritairement sur le quartier de La Tour, au cœur des 4000 sud. Ce GPV a élargi le périmètre d’intervention à la quasi-totalité de la ville, en particulier le centre-ville. Les habitants de La Courneuve ont donc eu le temps de mesurer la politique de la ville avec ses réussites et ses échecs.

En décembre 2003, les citoyens de La Courneuve ont donné un avis favorable à l’entrée de leur ville dans la communauté d’agglomérations appelée Plaine-Commune, devenue effective en janvier 2005. L’organisme - dont font déjà partie les villes d’Aubervilliers, Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Villetaneuse, Épinay-sur-Seine, Stains, L’Île-Saint-Denis - a pour but la mise en œuvre d’un vaste projet de développement économique, urbain et social sur la zone de la Plaine Saint-Denis, frappée par la désindustrialisation.
Dans ce vaste processus de transformation, la Démolition est présentée comme une étape essentielle de restructuration de la Commune permettant de désenclaver la Cité des 4000 sud et de la raccorder au centre-ville et à Saint-Denis. Une des particularités de cette commune est donc d’avoir devancé le débat actuel autour de la destruction des grands ensembles en faisant le choix de transformer ce quartier et de diversifier son offre de logements par la démolition de certaines barres et cela, dès 1986 (barre Debussy). Elle a réaffirmé ce choix avec la démolition de la barre Renoir en 2000 et des barres Presov et Ravel en juin 2004. Ces démolitions ont laissé la place à une médiathèque–centre culturel, un bâtiment abritant une pépinière d’entreprises – à l’emplacement exact de la barre Renoir - et ont été l’occasion d’un réaménagement du centre commercial.

Aujourd’hui, la démolition est toujours d’actualité. Le projet concernant les 4000 sud est en cours d’instruction à l’Agence Nationale de la Rénovation urbaine (ANRU). L’avenir des deux dernières barres des 4000 sud est déjà écrit : la barre Fontenay sera patrimonialisée et la barre Balzac, dans laquelle résident encore aujourd’hui 250 familles, sera détruite fin 2006 et devra laisser la place à la création de logements neufs de typologies diverses combinant petits collectifs et maisons individuelles. Les équipements publics obéissent à la même règle. Ainsi le groupe scolaire Romain Rolland/Paul Eluard, qui accueillait un grand nombre d’enfants des 4000, est fermé depuis l’été 2002.

Dans le cadre des démolition-reconstruction, La Courneuve a toujours manifesté la volonté de maintenir les populations concernées au sein de la Commune et non de les exclure. Ainsi, chaque démolition a conduit à la mise en place d’une mission de relogement des habitants, mission confiée au Pact-Arim 93 . Pour chaque démolition, la mairie a développé un programme d’accompagnement auprès des habitants avec des ateliers d’écriture, des travaux photographiques et même la réalisation d’un disque permettant le travail de mémoire.

En 1986, 2000 et 2004, certains habitants ont choisi de ne pas quitter les 4000 et d’être relogés à chaque fois dans les barres restantes au risque de vivre à nouveau la démolition et son processus de relogement. Ce sont ces personnes qui nous intéressent en premier lieu.