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Recherches

Autoconstruction et durabilité des ashwa’iyyat au Caire
une enquête sur le rôle du design urbain dans la production de l’espace informel

2024-11-26T15:03:59Z

École doctorale : ED395 Espaces, Temps, Cultures
Directeur : Manola Antonioli
Discipline : Philosophie
Date : 2024 - 2027

Ce projet s’attache à étudier le transfert de connaissances et de technologies vers le développement de principes de design urbain informels. Il s’agit d’élaborer un cadre conceptuel permettant de définir le design urbain comme une pratique émergeant au sein du réseau complexe d’acteurs variés qui contribuent à la production de l’espace informel. Le principal enjeu conceptuel réside dans la possibilité de théoriser une pratique immanente de la conception architecturale, c’est-à-dire une pratique qui se détourne d’une approche transcendante souvent centrée sur la vision de l’architecte.

Parallèlement, l’objectif est d’analyser la relation entre l’autoconstruction et la production urbaine au Caire, dans un contexte de gouvernance néolibérale. La recherche se concentre sur les ashwa’iyyat (quartiers informels) du Caire, où, depuis le Printemps arabe de 2011, la ville a connu une intensification de la construction informelle. Cette production de l’informalité se déroule alors que se multiplient des initiatives sans précédent de renouvellement urbain, sous la forme de mégaprojets urbanistiques. On observe aujourd’hui que la durabilité est devenue un enjeu central dans la conception de ces projets, notamment dans celui de la nouvelle capitale administrative. Cependant, bien que les notions de durabilité et de développement durable soient devenues essentielles à la réalisation d’un projet architectural, il est évident que cela ne s’applique pas de la même manière aux habitants des quartiers informels.

Cette thèse interroge la manière dont les effets négatifs du changement climatique—de la création des îlots de chaleur urbains à la densification causée par l’afflux de migrants fuyant les zones de conflit—sont pris en compte dans les pratiques de design urbain ayant lieu dans les quartiers, au demeurant, les plus touchés par cette crise. En effet, c’est précisément dans ces quartiers, plongés dans une précarité chronique du fait de la mauvaise gouvernance que la durabilité se heurte à une forme d’état de siège permanent.

Une approche transversale, combinant réflexion philosophique et travail de terrain empirique, est envisagée pour conceptualiser sous quelles formes la durabilité émerge dans le tissu urbain des ashwa’iyyat cairotes. Il s’agit d’adopter une posture de philosophie de terrain afin de donner une visibilité aux formes de design urbain qui risquent d’être négligées ou mal comprises par les théoriciens et les architectes formés aux pratiques conventionnelles de la discipline.