La survenue d’accidents, de désastres, de catastrophes, qu’ils soient naturels ou technologiques et quelle que soit leur échelle, impacte les populations et les territoires. Les catastrophes questionnent les réactions des sociétés face aux risques et les multiples actions mises en œuvre dont les objectifs sont au mieux d’empêcher qu’un accident se (re)produise, sinon de limiter les pertes humaines et le coût de reconstruction. Ces réactions aux événements dramatiques ont mis en place au fur et à mesure du temps et des accidents un système complexe d’acteurs qui déploient au quotidien une politique de gestion des risques basée sur l’anticipation : des services de secours sont organisés, de nombreuses réglementations s’imposent aux futurs aménagements du territoire, un système d’assurance est prévu. Les occurrences et les conséquences des catastrophes, aggravées par le dérèglement climatique, placent aujourd’hui ces enjeux dans l’injonction effrénée de l’urgence.
L’architecture et l’aménagement du territoire, à la fois considérés comme causes mais aussi comme porteurs de solutions pour s’adapter aux injonctions environnementales et sociétales, innovent, mettent en place des actions qui répondent aux besoins d’une meilleure maîtrise des risques et limitent le dérèglement climatique. Ce projet de thèse s’interroge sur les rencontres, décalages, conflits, concurrences entre politiques publiques en faveur de la transition écologique pour l’architecture et l’aménagement des territoires, prescriptions sécuritaires pour la gestion des risques et évolutions sociétales. Dans un contexte où de nombreuses injonctions se heurtent, ce projet de recherche a pour objectif de questionner la fabrique des réglementations dont le but est d’améliorer la sécurité civile face aux événements catastrophiques.
La réglementation est ici considérée comme un processus quotidien long, dans la lignée de l’anthropologie du droit, dont l’étude permet d’appréhender les différents cheminements et stratégies mises en œuvre par de multiples acteurs dont les objectifs, enjeux et vécus des catastrophes diffèrent. Une ethnographie multi située permettra d’accéder aux divers lieux où ces questions sont posées par de nombreux acteurs de la fabrique de la réglementation et du territoire : acteurs institutionnels, sapeurs-pompiers de la Brigade de Paris, architectes, urbanistes, etc. Ce projet de thèse propose d’étudier l’objet catastrophe par une approche temporelle : cell
e du quotidien des acteurs, celle de l’anticipation de la gestion des risques et celle de l’urgence du dérèglement climatique.