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Recherches

Lieux de resistance virtuels, lieux d’émancipation réels
De la fabrique du politique via les technologies numériques dans l’espace public

2018-11-07T13:41:09Z

Ecole Doctorale : ED 434 Ecole de Géographie de Paris - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Directeur : Manola Antonioli
Discipline : Architecture, Villes, Territoires
Date : 2016 -

Le sujet se nourrit des enjeux politiques de l’espace public dans la mesure où l’on ne le limite pas à l’espace négatif du domaine privé. Sa dimension de catalyseur de conflits, de revendications, de remise en question du pouvoir est ici explorée via les changements qu’y opèrent les technologies numériques. La Commune de Paris est une période qui intrinsèquement, possède matière à réflexion en terme de prise de conscience d’une population donnée quant à son avenir commun, face aux abus d’un exercice du pouvoir pouvant être qualifié de « contraire à l’intérêt général ». L’analyse des systèmes organisationnels générés par la société civile peut s’avérer riche en comparaisons et amorcer les contours de différentes formes de résistance, notamment par la réinvention de la sphère publique. Cet épisode historique de la ville de Paris sera un point de démarrage de la réflexion qui se poursuivra sur l’impact et l’énergie que produit la technologisation des individus, des savoirs et de la société sur la fabrication des espaces communs de contrepouvoir. Ce qui motive ce choix tient au fait, et on pourrait ici reprendre le postulat de Maurice Godelier à propos du primat de l’imaginaire sur le symbolique, que cet essor du tout numérique engendre une nouvelle construction sociétale, où les enjeux sont à peu près tout sauf symboliques, nous entendrons par là bien ancrés dans le réel social. Plus que jamais nous avons les outils nécessaires à l’optimisation du couple ville hospitalité/ville sécurité, pour autant, comme le constate trop justement Olivier Mongin, le paramètre hospitalité ne cesse de céder du terrain à la prévention des risques, sans véritable mutualisation honnête des profits. Les mutations opérées par les technologies numériques dans l’espace public sont multiples et protéiformes, à commencer par la propagation micellaire des caméras de surveillance, les panneaux publicitaires vidéos du métro parisien, la robotisation des postes de vente dans les grandes enseignes de supermarchés ou encore dans les chaines de restauration rapide. L’espace public et comme le privé ont la possibilité d’interagir dans la réalité virtuelle avec leurs usagers via des applications à télécharger sur téléphones portables. L’organisation d’évènements, du marché au flashmob en passant par la manifestation ou le concert se voient doublés d’un avatar virtuel, sur le site de la municipalité comme sur les réseaux sociaux. La réticulation physique de la ville est, d’une manière générale, associée à un ensemble de métadonnées qui constituent une empreinte revêtue de nombreuses facettes. Source d’information, de localisation, empreinte temporelle du passage d’un utilisateur dans l’espace, le BIGDATA permet aujourd’hui de retracer, recouper, stocker et réutiliser une quantité d’informations vertigineuse sur l’utilisation qui est faite de la ville par ses usagers. On dénote dans la production architecturale contemporaine une attention grandissante portée à ces postes numériques et virtuels, que ce soit dans leur conceptions (BIM obligatoire en loi MOP pour 2017, modifications des cahiers des charges pour les bâtiments d’hôpitaux, d’EHPAD...) pour la mise en place de la surveillance des lieux (la présence de caméras est fortement encouragée par les assureurs qui ne tarifient pas le Maître de l’Ouvrage de la même manière si le projet n’en comprend aucune) ou enfin la création de l’avatar numérique des lieux, support de communication indispensable à la bonne mise en route de l’édifice dans son utilisation (page Facebook pour les lieux culturels par exemple). Toutes ces mutations, par la création de nouveaux repères et la perte des anciens engendrent à la fois de nouveaux savoirs et savoirs-faire, mais semblent par ailleurs « dissocier » les individus les uns des autres, mais aussi de leurs milieux, pratiques habituelles etc. L’objet de la recherche porte très exactement sur la place du praticien de l’Architecture dans ce contexte et sur les moyens opérants qu’il peut mettre en oeuvre dans sa pratique.