
Après une période de délaissement marquée par des changements de peuplement et des formes de stigmatisation sociale, la Maladrerie à Aubervilliers fait désormais l’objet du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), qui vise à revaloriser le quartier tout en relevant les défis de la « durabilité », c’est-à-dire d’un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Ainsi, les mutations en cours à la Maladrerie s’inscrivent dans un triple processus de patrimonialisation, renouvellement urbain et développement durable. Elles constituent donc un point d’observation heuristique pour analyser les enjeux de requalification physique et symbolique d’un patrimoine habité du XXe siècle (Gravari-Barbas, 2005), tout comme les continuités et discontinuités qui accompagnent les transformations d’un quartier populaire. Le patrimoine du XXe siècle peut-il agir comme levier du renouvellement urbain et du développement durable ? Quels sont les effets, intentionnels ou non, de la patrimonialisation sur la rénovation urbaine et inversement (Veschambre, 2014 ; Morovich, 2014) ? Y a-t-il des injonctions contradictoires ou des tensions entre des modèles/outils de gestion pour ces espaces présentant un intérêt architectural, technique et culturel ? Quels sont les acteurs impliqués ? Quelles sont leurs revendications et leur capacité d’action ? Répondre à ces questions, c’est engager une réflexion sur la capacité de l’architecture du XXe siècle à construire une ville plus durable et plus citoyenne.