Résumé
Qu’est-ce qui fait place ? De quoi est constitué l’espace public d’un point de vue à la fois urbain et social ? Comment les acteurs, les pratiques, les discours et les récits participent-ils aux transformations de l’espace ? Quelle image de la place cela façonne-t-il ?
Cette thèse explore ces questions en profondeur, en se concentrant sur une place, la Place des Fêtes, dans le 19e arrondissement de Paris, un lieu que nous considérons emblématique, tant par sa composition et son histoire urbaine que par les pratiques sociales qui s’y déroulent. Grâce à une enquête ethnographique de plusieurs années, ayant pour point d’entrée le dispositif municipal “Réinventons nos places” lancé en 2015 et appliqué à sept places parisiennes, dont la place des Fêtes, nous nous aventurons dans les temps de la place pour comprendre, par les récits, de quoi elle est faite. Creuser dans les récits d’aujourd’hui et les documents d’archives, nous permet de voir ce qui se cache en dessous des discours sur la Place des Fêtes et de révéler par le détail, des dynamiques plus larges qui régissent les transformations de nos villes.
Nous interrogeons la notion d’espace public, au cœur des débats urbains et sociaux contemporains. Par notre approche anthropologique nous éclairons depuis l’intérieur, grâce à des observations participantes et des entretiens, ce qui se joue, au présent et par le passé, dans le réaménagement d’une place et à plus grande échelle dans les changements urbains et sociaux de notre société. Pour cela, nous analysons les échelles de pouvoirs et de décisions dans les transformations urbaines menées par l’action publique qui cherchent, à chaque époques, à résoudre par l’aménagement les problèmes perçus de cette place en en régulant les pratiques locales.
Dans un contexte de valorisation de la mise en participation des citadins dans les projets urbains, les acteurs y jouent un rôle crucial, qu’ils soient des acteurs techniques en charge de fabriquer le projet ou des acteurs locaux chargés d’y participer. En analysant les différentes périodes d’aménagement de la Place des Fêtes, cette recherche met en lumière les dynamiques complexes et souvent conflictuelles entre la construction urbaine planifiée par les autorités et les revendications sociales des citadins. Chaque période d’aménagement révèle des tensions, entre les projets urbains et les aspirations sociales. Nous prenons le parti de regarder la place en miroir. D’une part : la construction urbanistiques et techniques des projets, d’autre part, la constitution de l’engagement du tissu social local sur les sujets urbains. Les deux histoires ne cessant de se refléter.
Cette thèse a pour objectif de saisir, au travers des récits d’aménagements les ruptures et les continuités qui façonnent la pensée urbaine en analysant, depuis la place des Fêtes, les différentes périodes ou l’aménagement est présenté comme une (re)solution a des problèmes dont l’envergure, sociale et politique, dépasse le cadre urbain.
Composition du jury
Alessia de Biase, professeure HDR à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette
Enrico Chapel, professeur HDR à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse (rapporteur)
Maud Santini, professeure HDR à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles (rapportrice)
Antoine Fleury, chargé de recherche au Centre National de le Recherche Scientifique (examinateur)
Emmanuelle Lallement, professeure HDR à l’Université Paris 8 (examinatrice)
Alice Sotgia, maîtresse de conférences HDR à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais (examinatrice)
Adresse : 23 rue des Ardennes, 75019 Paris