
Résumé de la thèse
Face à la diversité des pratiques des architectes-urbanistes, comment l’émergence du fait numérique dans la société contemporaine influence-t-elle leur champ d’intervention ? S’appuyant sur une enquête ethnographique, le terrain de cette thèse interroge le rôle des techniques et technologies numériques dans le processus de projet comme pratique d’anticipation de la ville à venir. Agence d’architecture, start-up technologique, laboratoire indépendant et collectif associatif s’entremêlent au sein d’une seule et même équipe de concepteurs. En respect de leurs cadres d’actions, la description analytique suit le schéma linéaire du développement d’innovations : des recherches théoriques en chambre, à une phase de R&D collaborative rendue opérationnelle par des préfigurations et des prototypes pour finir sur la rencontre d’une application numérique dite d’ « open innovation » avec un contexte de transformation de la ville. On y voit comment les concepteurs donnent du sens à leur pratique et questionnent leur statut et leur légitimité. Ils transitent de l’idée d’un indice universel d’évaluation de la qualité de vie en ville à la promotion de l’urbanisme collaboratif via un dispositif de médiation socio-technique. Braconnant dans différents univers, des technologies intellectuelles sont mobilisées et les statuts attribués aux nombres, données, informations, modèles et images évoluent. D’un discours à consonance scientifique fondé sur un idéal d’objectivité à la manipulation de métaphores, le glissement d’un point de vue virtuel sur la ville à un point de vue re-localisé accompagne un renversement conceptuel allant de données construites pour projeter la ville au visible urbain comme données à révéler. Du registre de la prédiction à celui de l’innovation, la place de la technologie, son rapport au temps et à l’espace, rencontrent et se confrontent aux acteurs de la transformation de la ville, révélant la délicate articulation d’un futur simulé et stimulé à un futur partagé et concret.
Membres du Jury
— Alessia de BIASE, Maître assistant (HDR), LAA-LAVUE Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La-Villette (directrice)
— Christophe CAMUS, Professeur, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne (rapporteur)
— Jérome DENIS, Maître assistant (HDR), Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines ParisTech (rapporteur)
— Sophie HOUDART, Directeur de recherche CNRS, Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative, Université de Paris Nanterre,
— Jean-Jacques TERRIN, Professeur émérite, LéaV, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles
Adresse du département de recherche :
118/130 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris