Thèmes liés
Actions

Qu’apprend-on de Rochebelle ?
Workshop du 1er au 8 juin 2024

2024-05-25T19:34:17Z

Commanditaire : Collectif Animateurs 30 - Alès
Lieu : Alès
Dates : du 1er au 8 juin 2024
Organisatrices : Alessia de Biase, Flavia Pertuso
Equipe :
Annabelle Crespi-Rutgé, Maria Calvo Estaun, Alessia de Biase, Joseph de Metz, Catherine Deschamps, Hadrien Dumitrescu, Tina Meliava, Maxence Naudin, Silvia Palmerini, Flavia Pertuso, Oumayma Sindabad, Arold Tchoubou, Juliette Thiant, Piero Zanini

Ce workshop, coordonné par le Laboratoire Architecture Anthropologie (UMR LAVUE 7218 CNRS / ENSA Paris-la-Villette), veut contribuer à raconter autrement le quartier de Rochebelle à Alès.

Contexte
Avant son histoire industrielle, Alès a été un carrefour marchand et une plaine agricole, puis aux XIX, XX siècles elle a viré en ville industrielle (métallurgie et textile) mais surtout minière (charbon), ce qui a façonné structurellement la vie de la ville et des ses habitant.e.s dans son apogée vers la fin des années 1950, comme dans sa disparition à partir des années 1970. C’est une ville qui a subi plusieurs entrechocs et qui a dû à plusieurs reprises se projeter, re-projeter, inventer. L’accueil de milliers d’immigrés pour assurer la main d’œuvre, la démolition du centre historique et le déménagement forcé de milliers de ses habitant.e.s dans les nouveaux quartiers des Prés Saint-Jean et des Cévennes, la transformation complète de la relation ancestrale centre-périphérie suite à la fermeture des mines, la fermeture accélérée des commerces de proximité au profit de la grande distribution qui prolifère dans les zones extérieures sont des marqueurs de son histoire des derniers 50 ans qui ont rythmé la ville dans sa dimension matérielle et symbolique.
Aujourd’hui la collectivité tend à s’affirmer par une stratégie de développement économique qui s’inscrit dans le modèle néolibéral visant l’attractivité d’entreprises et de populations aptes à générer de la valeur marchande sur le territoire et dont la présence apparaît de façon généralisée à l’échelle nationale, comme étant le principal levier de redynamisation urbaine.
Dans une attitude volontariste, la municipalité aussi bien que EPCI Alès Agglomération, ont l’ambition de rendre la ville d’Alès visible, “re-connaissable” en investissant dans les stratégie de marketing territorial, de la marque aux politiques de l’offre pour attirer les agents économiques sur le territoire. Enfin, dans une attitude opportuniste, Ales accumule différents labels, va chercher ses investisseurs voulant fabriquer une nouvelle identité conçue selon les préceptes dominants de la performance, travail/emploi, croissance etc.

Problématiques et hypothèses
Face à un centre-ville mis en lumière grâce à des politiques publiques (EGCV et Action Cœur de ville, et d’autres), une réalité semble éteinte depuis la fermeture des mines. Séparé du reste de la ville par un pont, le faubourg de Rochebelle est tiraillé entre la nostalgie d’une période vivante désormais révolue et un renouveau qui ne semble pas prendre place. Il n’a pas retrouvé une nouvelle signification pour la ville qui entre-temps était en train d’être repensée de l’autre côté du fleuve.
Rochebelle est racontée principalement par des indicateurs qui en décrivent sa paupérisation tant sociale qu’urbaine, qui s’exprime entre autres par des taux de chômage très élevés, par l’insécurité alimentaire, par la forte précarité de ses habitant.e.s et par de nombreux espaces vacants dans les locaux en rez-de-chaussé. Ce quartier en déprise ne répondant à aucun des indicateurs mesurant l’attractivité et le possible développement urbain selon les modèles de référence, se retrouve dans une zone d’ombre des dispositifs de redynamisation. Cependant ces périodes de paupérisation — souvent stigmatisées et compréhensiblement mal vécues par les administrations publiques — font en réalité surgir des savoirs-faire, de la débrouillardise face au néant, des formes d’entraide pour s’en sortir, et plus en général des formes de solidarité très surprenantes si relevés et regardées attentivement. Ces formes marginales, que l’on pourrait nommer de résilience sociale, sont rarement utilisées, sinon en négatif, pour décrire ces lieux. Mais si on inversait la loupe, qu’est-ce qu’on verrait ? Que veut dire partir du plus fragile pour raconter la ville ? Quel point de vue produirait-on ? Que du négatif ?
Rochebelle est le siège de la majeure partie des associations de la ville. Cette présence que fait-elle au quartier ? S’agit-il seulement de l’assistanat institutionnel ou des formes de solidarité (à différentes échelles et géométries) et du vivre ensemble qui expérimentent quotidiennement pour pouvoir habiter la crise qui caractérise non seulement Alès mais plus généralement le monde urbain ?
Ce workshop fait l’hypothèse qu’en partant de la situation la plus lointaine des canons actuels néolibéraux du développement urbain, peuvent surgir des manières pour penser le futur non seulement du quartier mais aussi de la ville.