Cette recherche porte sur Esenyurt, un des nouveaux districts d’Istanbul, qui s’est étendu vers ses périphéries à la suite des migrations massives provenant des zones rurales depuis les années 1950. Avec plus d’un million d’habitants, Esenyurt est devenu le district le plus peuplé de Turquie en seulement 35 ans grâce aux migrations internes et externes qu’il a reçues. Il constitue l’un des exemples les plus frappants de l’urbanisation rapide en Turquie. L’objet central de cette étude est d’examiner comment les différents types de logements à Esenyurt influencent la ségrégation sociale, les différences de classe et les pratiques quotidiennes.
Esenyurt est un laboratoire essentiel pour comprendre les effets sociaux de l’urbanisation moderne en Turquie. Dans cette recherche, je me concentre sur l’analyse des interactions réciproques entre le temps et l’espace dans le processus d’urbanisation rapide, et sur la manière dont les appartenances sociales et les distinctions de classe sont redéfinies. Parmi les questions que je cherche à résoudre figurent les suivantes : comment les différentes politiques locales créent-elles des différences dans la structure urbaine ? Comment la vie quotidienne, les relations sociales et les pratiques spatiales des habitants de différents types de logements varient-elles, et comment ces différences influencent-elles la structure générale de la ville ? Dans ce cadre, l’étude mettra en avant la structure sociale complexe d’Esenyurt et examinera les effets des transformations spatiales sur le tissu urbain au fil du temps.
En Turquie, les études urbaines sont souvent analysées à travers des oppositions dichotomiques telles que rural-urbain, moderne-traditionnel, urbanisation planifiée-non planifiée. Esenyurt est fréquemment traité dans ce sens, ce qui limite la compréhension à une analyse superficielle. Cependant, cette étude cherche à éviter de lire les processus urbains à travers ces oppositions, et vise à comprendre la réalité sociale en suivant la continuité entre le rural et l’urbain, le moderne et le traditionnel.
En fait, dans cette recherche, je m’intéresse aux histoires des invisibles ou de ceux qui sont marginalisés à Esenyurt, ceux qui ont été repoussés aux marges de la ville. Parmi eux se trouvent les Kurdes, les réfugiés, les migrants et les pauvres urbains. Esenyurt est un espace urbain où chaque nouvel arrivant apporte quelque chose avec lui, où ceux qui étaient là avant laissent un héritage, et où la ville grandit avec ses habitants dans des conditions difficiles. Ce processus, que je qualifie de "urbanisation par roulement", est une dynamique que j’essaie de comprendre à travers une perspective interne — en tant qu’ancienne résidente d’Esenyurt — en utilisant les méthodes ethnographiques.
Recherches
Zelal Koç, Catherine Deschamps (dir.)
Construire un nouvel Istanbul
Les imaginaires urbains d’Esenyurt
2024-11-03T12:58:45Z
2024-11-26T15:03:02Z
École doctorale : Espaces, Temps, Cultures - Université Paris-Nanterre
Directeur : Catherine des Champs
Discipline : Sociologie
Date : 2024 - 2027