
Si les aspects d’un lieu sont d’abord saisis comme des apparitions, comme le soutien l’écrivan Gianni Celati, à quoi renvoie la chaîne des Apennins ? Tout en constituant la dorsale de l’Italie, les Apennins sont souvent perçues comme un lieu qui fait "défaut" au paysage discret, une montagne presque en mode mineur. A partir d’un décentrement océanien, ce texte cherche à interroger cet imaginaire à travers la notion de confins (cum-finis) comme un possible antidote à cette forme d’anesthésie de l’attention vers les lieux qui caractérisent notre temps. Repenser que veut dire habiter la montagne aujourd’hui, et en particulier les Apennins, nous demande de reconnaître et de prendre en compte la centralité politique et la profondeur existentielle de la dimension quotidienne de la vie, et les formes temporelles à travers lesquelles elle se déploie, en accordant toute l’attention nécessaire aux dissonances et aux anomalies qui font de cette expérience quelque chose qui ne va pas de soi. Car, si par rapport aux Alpes, une épopée des Apennins n’existe pas, on peut se demander si ce n’est justement pas le fait d’être une montagne à « basse définition » à constituer une possible condition concrète, réelle, pour tenter de penser d’autres manières de l’habiter.