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Recherches

Habiter le territoire-laboratoire
De l’Antarctique aux laboratoires métropolitains, récits, temps et gestes scientifiques, techniques et quotidiens

2023-10-18T17:23:52Z

Ecole Doctorale : ED 395 - Université Paris Nanterre
Directeur : Alessia de Biase
Discipline : Anthropologie
Date : 2022 - 2025
Financements : Contrat Doctoral Université de Paris-Nanterre

Situé aux confins du monde, l’Antarctique est un continent méconnu, façonné depuis sa découverte par et pour la science. Des laboratoires métropolitains jusque dans les stations de recherche se mettent en place une infrastructure au service de la production de la donnée scientifique, seule ressource légalement exploitable.
Raconté comme un lieu hors-temps et hors-monde, ce territoire -laboratoire est pourtant bien soumis aux transformations de la société et du monde. « Tout à la fois lieu d’étude et objet à observer » (Grevsmühl, 2010:119), l’Antarctique constitue à la fois une « archive exceptionnelle », mais aussi une « alarme » (Langebroek, 2023) des impacts des changements climatiques qui adviennent. Plus que jamais, le continent appartient aux grands systèmes du monde : atmosphères, océans, climat.
La publication en 2021 de la première Stratégie polaire nationale, mais aussi le récent rapport commandé par l’Union européenne sur la place de l’UE en Antarctique, ont remis sur la table les enjeux que constituent depuis plusieurs années le maintient d’activité de recherche. Ainsi, ce sont des générations de météorologues, de glaciologues, de paléoclimatologues, mais aussi d’astrophysicien, de biologiste, écologues, océanographes… qui se succèdent sur les bases de recherches, chacun·e participant à décrire de leur perspective le fonctionnement de ce territoire. L’Antarctique permet de raconter non seulement le passé de notre planète et de notre monde, mais aussi son futur. La thèse s’interroge sur l’inscription dans le temps des pratiques savantes. En quoi le « geste de chercher » (Flusser, 2014[1999]) participe-t-il à faire de l’Antarctique un territoire-laboratoire ? Comment se déploie-t-il dans le temps, est-il transmis ? Quelle est alors la valeur de la donnée scientifique comme outil de description du territoire-laboratoire ? Quel rapport au temps se met en place dans l’attention portée par les scientifiques à cet espace ?
Au travers de la collecte de récits polysémiques autour de l’Antarctique, des chercheurs·es agguéri·es jusqu’aux jeunes volontaires, et d’observations (participante) des projets de recherches, la thèse questionne les récits, les temps et les gestes « antarctique » participants à définir cette entité si lointaine et pourtant toute proche.

Inhabiting the laboratory-territory :
Scientific, technical and everyday times and gestures from Antarctica to metropolitan’s laboratories

At the end of the world lies Antarctica. Since its discovery, this still not-so-well-known continent is shaped by and for science. From metropolitan laboratory to the research station settle infrastructure for the production of scientific data, the only exploitable resources. If it’s said as an out-of-the-world and out-of-time place, this ‘territory laboratory’ still faces the transformation from our society and world. ‘Simultaneously place of study and object of studying’ (Grevsmühl, 2010:119), Antarctica also is an ‘amazing archive’ and an ‘alarm’ of the foreseeing climate change (Langebroek, 2023). Today more than ever, Antarctica appears as an unavoidable part of our word.
The publication in 2021 of the first French National Polar Strategy and a recent rapport commissioned by the UE about its role in Antarctica reminds us of the challenges of maintaining Antarctica as a place of science. Generations of scientists —meteorologist, glaciologist, palaeoclimatologists, but also research doctors, biologists, astrophysicist — have worked one after another. They put their own perspective to describe how Antarctica works and what it’s telling us about our word, its past and its future.
This thesis wants to question the inscription in time of those scientific practice. How Antarctica as a place is shaped by the process of scientific data production ? How the « gesture of searching » deploys in time ? What values does it hold as a way of describing this territory laboratory ?
Through the collect of polysemic Antarctica’s tale — from experienced scientists to young voluntary— and the observation of scientific projects and practice, the thesis questions the tales, the times and the gestures of Antarctica. This thesis is meant to understand what’s happening in between Antarctica’s time, and thus how something — a place that appears to be so far away can be just so very close.