“Natures­cultures”

Thèmes 2022-2027

Depuis la deuxième moitié du XX^e siècle et de façon encore plus évidente depuis le début du XXI^e siècle, on assiste à une profonde remise en question des relations entre les concepts de nature et de culture, à laquelle participent l’anthropologie, la philosophie et l’écologie politique. C’est aussi le singulier de « nature » et de « culture » qui est mis en cause : loin d’être considérées comme des réalités séparées et immuables à travers les siècles et dans les diverses régions du monde, « nature » et « culture » ne cessent de coévoluer au cours de l’histoire et dans les différentes parties de la planète, au point que Donna Haraway (entre autres) a proposé de parler de « naturescultures émergentes » au sujet d’un continuum techno-culturel-naturel qu’il s’agirait désormais de penser, fait d’agencements inédits entre vivants et non-vivants. Ce changement de paradigme a des répercussions profondes sur la manière dont nous concevons, aménageons, bâtissons et habitons nos environnements et nos territoires : l’agriculture s’invite en ville, la notion de paysage se transforme radicalement, en nouant de nouvelles relations entre le bâti et le vivant, les limites et les interactions entre ville et campagne connaissent des transformations incessantes, et notre rapport à la Terre et aux terres – à cultiver ou à se réapproprier – évolue. Nous souhaitons interroger dans ce cadre de réflexion les conflits, les paradoxes et les négociations qui habitent les modalités de relation et les expériences de ce rapport renouvelé et à réinventer entre nature et culture. Quelles pratiques militantes et résistantes d’expérimentation sociale émergent-elles dans ce nouveau contexte et quelles sont les résurgences et redécouvertes des pratiques liées à la terre et aux territoires ? Comment des savoir-faire traditionnels se transmettent et se réinventent-ils ? Quelles sont les formes « esthétisantes » des pratiques de nature en ville et celles de l’esthétisation de la nature dite « sauvage » ? Il s’agira également de questionner les nouveaux imaginaires qui se construisent autour de ces pratiques et de ces nouvelles visions du monde.

Coordination : Manola Antonioli, Valerie Jouve